Friday, March 17, 2006

ganbarutons tous ensemble

Je vais commencer par une citation tirée du blog de mon compagnon salace adoré, Cedric-sama:

ganbaru: littéralement "faire preuve de courage, faire des efforts". Pris en contexte ça veut dire "donner l'impression de devoir travailler vingt-sept heures par jour alors qu'on a en fait absolument rien à faire"
otsukare sama desu: littéralement "quelle journée fatigante!". Expression utilisée par des collègues (aussi appelés complices) qui saluent réciproquement l'effort général de ganbarutation . Lancé par un gaijin, il faut y ajouter le sens "vous en foutez pas une, ouais!"
Finalement je crois que ces deux définitions résument à elles seules nos journées au boulot au Japon... mais je tout de même rentrer dans les détails parce que là j'ai rien d'autre à faire faut bien s'occuper comme on dit...
Un bon exemple pour faire sentir l'état d'esprit de l'entreprise (japonaise ou non), ce sont les petites expressions que l'on se doit de dire tous les jours (et même à tout moment de la journée pour certaines).
On commence le matin par un joyeux "ohayô gozaimasu", abrégé pour les hommes à quelquechose comme "ssssssu" (la forme en "sssssu" dénote d'un certaine de forme de politesse, alors pourquoi s'embarraser des autres mots...). Alors c'est pas compliqué ça veut dire "bon matin" (comme le good morning anglais je dirais). Jusque là ça reste TRES classique (universellement parlant). A partir d'une certaine heure, on peut se laisser aller à un Konnichiwa pour les gens qu'on a pas encore vu, mais je remarque que ce n'est pas la norme...
En journée au Japon on sort cette expression absconse qu'est "Otsukaresama desu" (remarquez le sssssu de la fin). La forme passée est également possible (remplacer desu par deshita), la différence étant assez mince au final.
Car c'est important au Japon de dire qu'on travaille dur...et puis l'expression fait double emploi, car on se félicite soi-même et lautre en même temps (super pratique quoi). Enfin au final c'est l'expression dans presque toute discussion avec un collègue, il FAUT commencer par ça. C'est pour vous dire, dans chacun des mails que je reçois de collègues Japonais, la dite expression est utilisée (et écrite avec des kanjis, c'est encore mieux il paraît, ça veut dire que le mec qui vous écrit veut vous lécher les bou.... donc forcement je ne manque jamais une occasion d'utiliser cette magnifique invention qu'est l'écriture intuitive de kanjis..).
Tout cela pour parler de la "ganbaru attitude". Le fait de montrer qu'on travaille, qu'on en veut, qu'on a bouffé du lion le matin pour travailler plus dur et avec (encore) plus d'efficacité que la veille.
Vous aurez bien compris qu'au final, le fait de rester 10h par jours au boulot ne fait pas la différence si c'est pour glander moitié du temps... Donc au Japon on reste au bureau pour rester au bureau et pour montrer qu'on est là, qu'on est présent et qu'on ganbarute.
Ce mot on l'entend au bureau mais pas seulement, toutes les petites épreuves de la vie quotidiennes peuvent être le sujet d'une sorte de ganbarutage. Par exemple quand je vais au restau avec mes amis Japonais, même si je commence à avoir une maîtrise certaine de ces petits bouts de bois qu'on appelle baguettes, certains aliments restent difficile à "attraper puis amener jusqu'à la bouche". Le tofu par exemple, ce truc plus ou moins gélatineux fait de soja (comme tout ce qui se mange ici), ça reste encore une épreuve. Et bien à chaque fois j'y ai droit "ganbare thomas" ou "ganbattene", je dois avouer que ça me décourage presque. J'ai l'impression qu'ils se disent dans leur tête "pauvre gaijin, il doit éprouver quelques difficultés à se nourrir si il n'est même pas foutu d'attraper son tofu avec des baguettes". Ou bien je suis un peu parano peut-être...
Thomas

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